Libéria : la vie en quarantaine

10-20-2014 19:39

Dossier : Virus Ebola, l'épidémie qui fait rage en Afrique

Des milliers de personnes vivent en quarantaine dans les pays touchés par l'épidémie d'Ebola. Mais la stratégie de maintenir des personnes en isolement est très controversée. De nombreux organismes humanitaires déclarent que la mise en quarantaine à grande échelle est inefficace. Et pour une famille de la capitale libérienne, Monrovia, les effets sont dévastateurs.

Il y a 2 mois, Emmanuelle et Eva Abalao ont perdu leur petit-fils. Mais Shaki Kumara n'est pas mort du virus Ebola. Il est mort des suites d'une blessure par balle. En août, le gouvernement a mis en quarantaine la banlieue de West Point pour essayer de contenir la propagation du virus. Les habitants ont protesté. Shaki se trouvait sur les lieux alors qu'il avait été envoyé pour acheter du thé. Lorsque les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur les manifestants, Shaki a été blessé aux jambes. Il s'est vidé de son sang en appelant sa grand-mère avant de mourir.

EVA ABALAO
Grand-mère

"Puis quelqu'un est venu à moi et ils ont crié "Ils ont tiré sur Shaki !" Il nous était impossible de le ramener à nous. Je n'ai pas vu Shaki depuis sa mort. Lorsque je vois Shaki, ses yeux étaient morts. Il m'était impossible d'être près de lui. Il m'a appelée en pleurs "Ma grand-mère, amenez-la moi !" Un policier passait par là, il me connaissait "S'il vous plait, amenez-moi ma grand-mère" mais personne n'est venue me chercher pour m'y conduire."

Le gouvernement libérien a qualifié la mort de Shaki d"incident triste et regrettable". Lors d'une déclaration, le président a affirmé que le personnel de sécurité engagé comparaîtrait devant un tribunal militaire. Mais la famille de Shaki dit qu'on ne leur a pas précisé le moment où justice serait faite.

DANIEL VAH
Oncle

"Nous ne savons pas si l'enquête continuera de traîner et de traîner : personne ne nous a appelé pour dire "c'est la date du début de l'affaire judiciaire et c'est la date de la fin de l'affaire." Rien ! À moins qu'on ne lise les journaux, nous ne pouvons pas obtenir l'information, si nous n'écoutons pas la radio, nous n'avons aucune information."

KATERINA VITTOZZI
Monrovia, Libéria

"C'est l'endroit où Shaki Kumara a perdu la vie des suites de ses blessures. Alors que l'enquête officielle du gouvernement se poursuit pour déterminer les causes de la mort de Shaki, la communauté de West Point est en colère. La mort d'un adolescent et la mise en quarantaine qui a provoqué cette tragédie suscitent une grande colère."

RICHARD KIEH
Activiste de la communauté de West Point

"Lorsque le gouvernement a mis un périmètre en quarantaine, il n'y avait aucune préparation. Il n'y avait ni médicament, ni nourriture, ni eau et cette zone avait plus de 60 000 habitants. Et ce sont les choses que nous vivons. Et la majorité de cette population est constituée de femmes et d'enfants. Et voici les questions que nous soulevons. Pourquoi le gouvernement mettrait une zone en quarantaine sans subvenir aux besoins sociaux basiques du peuple, dont la majorité est constituée de femmes, d'enfants et de personnes les plud vulnérables."

West Point est la banlieue la plus densément peuplée de la capitale. Le gouvernement a mis en place une période de quarantaine de 11 jours. Mais les habitants affirment que les barricades sont inefficaces.

RICHARD KIEH
Activiste de la communauté de West Point

"Ce que nous observons durant ce processus en tant qu'activiste, c'est le vol d'argent par les forces de l'ordre. Donc, si vous avez un peu d'argent, et que vous le leur donnez, ils vous autoriseront à partir."

Des zones de quarantaine à grande échelle similaires ont été imposées un peu partout au Libéria. Dans un contexte d'état d'urgence, le président a le droit de mettre en place ce genre de cordons de sécurité. Mais pour de nombreux habitants, de telles mesures sont très impopulaires.

Rédacteur:Jin Wensi |  Source:
CCTV.com
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