JONQUES TRADITIONNELLES

09-22-2015 17:46

Dossier :　Rêve au large

La Route de la soie maritime a représenté un formidable réseau d'échanges commerciaux et culturels. Entre le 10e et le 14e siècle, la Chine possédait la plus importante flotte maritime au monde, grâce à ses techniques révolutionnaires. Nous allons partir à la rencontre de Chen Fangcai, l'un des derniers dépositaires du secret de fabrication des jonques traditionnelles chinoises.

La ville de Quanzhou a été reconnue comme point de départ de la Route de la soie maritime par l'UNESCO en 1991. Le port de Quanzhou était l'un des plus grands au monde au cours des dynasties Song et Yuan, soit entre le 10e et le 14e siècle. Les jonques ont été jusqu'au 10e siècle le moyen traditionnel de navigation des marins et commerçants chinois. Chen Fangcai maîtrise les secrets de leur conception, c'est un passionné qui a dévoué sa vie à la préservation de cet art de la fabrication des jonques traditionnelles. Il nous accueille dans son atelier.

CHEN FANGCAI
Maître artisan ébéniste
Quanzhou

"J'ai commencé à l'âge de 14 ans. Au cours de ma carrière, j'ai construit plusieurs centaines de bateaux de toutes tailles. À l'époque de mes 40 ans, les bateaux en bois ont commencé à disparaître petit à petit, les artisans fabriquant des bateaux ont perdu leur emploi, les artisans se sont donc tournés vers la fabrication de modèles pour les musées."

Une dizaine d'apprentis aident Chen Fangcai à fabriquer ses maquettes de bateaux. Il y en avait auparavant une trentaine dans son atelier. Ils ont tous un emploi en dehors. La fabrication de maquettes de jonques traditionnelles est devenue une affaire de passionnés et il reste peu de personnes à maîtriser les subtiles techniques pour fabriquer des modèles réduits, fidèles dans les moindres détails aux bateaux originaux, à l'instar de la technique dite des "cloisons étanches", qui a été inscrite en 2010 par l'UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. Et Chen Fangcai est le dernier dépositaire de cette technique.

CHEN FANGCAI
Maître artisan ébéniste
Quanzhou

"Sous les dynasties Song et Yuan, la technique des cloisons étanches a été transmise à l'étranger et est devenue de plus en plus utilisée par les marins du monde entier. Grâce à cette technique, si l'un des compartiments est endommagé l'eau ne passe pas dans les autres compartiments et permet au bateau de ne pas couler. Et en second lieu cela évite aux marchandises stockées dans les autres compartiments d'être abîmées. Depuis que cette technique a été inventée, beaucoup de vies ont pu être sauvées."

Le gouvernement a réalisé le risque de voir ce savoir-faire traditionnel disparaître par manque de vocation. Des programmes ont été lancés pour enseigner ces techniques dans les lycées, mais leur apprentissage et leur maîtrise nécessitent d'y consacrer beaucoup de temps, et les débouchés professionnels sont très réduits. M. Chen fait tout son possible pour les sauvegarder, et il a un rêve, celui de construire en taille réelle le vaisseau amiral de la flotte dirigée par le fameux explorateur et émissaire chinois, l'amiral Zheng He, lors de ses expéditions qui l'avaient mené jusqu'à la côte orientale de l'Afrique au 15e siècle.

CHEN FANGCAI
Maître artisan ébéniste
Quanzhou

"Je souhaiterais construire la jonque de Zheng He avant de mourir, pour montrer que nos ancêtres étaient capables de fabriquer des navires de cette taille. Mais certains disent que c'est un projet un peu fou. 80% des experts ne croient pas qu'on puisse construire un navire en bois de cette taille. Ils disent que même si on peut le constuire, il ne pourra pas flotter. Donc ce navire serait imaginaire, sa taille serait exagérée. Mais selon moi, c'est possible car j'ai vu les méthodes de construction de bateaux dans un ouvrage qui date de 600 ans."

Le rêve de M. Chen semble peut-être encore un peu trop ambitieux, mais sa passion elle, est sans limite.

NICOLAS IRURZUN
Quanzhou

"Les jonques ont été le moyen de transport traditionnel des commerçants chinois participant à la Route de la soie maritime. La maîtrise de leur technique de fabrication est malheureusement en voie de disparition. Mais les artisans comme M. Chen et ses apprentis font tout leur possible pour sauvegarder ce patrimoine. Nicolas Irurzun, Quanzhou, CCTV."

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